La couleur est par excellence la partie qui détient le don magique. Alors que le sujet, la forme, la ligne s’adressent d’abord à la pensée, la couleur n’a aucun sens pour l’intelligence, mais elle a tous les pouvoirs sur la sensibilité. Eugène DELACROIX.
La peinture est me semble-t-il d’abord, la couleur. Et, la lumière qui est à l’origine de la vie, donne naissance à la couleur. Elle n’existe que par la lumière, sans lumière, pas de couleur. La couleur est changeante, vivante ; elle varie selon la luminosité. Elle est éphémère et toujours en devenir dans de nouvelles harmonies.
Pour percevoir la couleur, il faut se donner la peine de la pénétrer, la regarder avec attention, comme on regarde les étoiles dans le ciel, la nuit. Prendre le temps de percer ses variations, ressentir ses moindres vibrations, pénétrer son espace, son environnement et se laisser submerger par son expression. Alors, la couleur, si on y est attentif nous enveloppe, inonde nos yeux de ses nuances et nous immerge dans son univers.
Jacques et Arlette FAUCHE disaient fort justement : « En fait, il y a un malentendu sur le statut de la peinture. Elle ne fait pas partie, comme l’image, d’un système de communication, puisque rien n’y est réellement dit, mais simplement montré. Elle ne dépend que d’elle-même. Pour l’apprécier, il faut donc communiquer avec elle. C’est la condition sine qua non.
Si on refuse d’adopter une telle attitude, forcément on s’en exclut. C’est d’ailleurs ce qui se produit lorsqu’on est soumis à la dictature du discours. Dans ce cas, là, on est fatalement insensible, aveugle à l’espace singulier qu’elle construit, espace sacré et jubilatoire dont la finalité est d’apporter le bonheur et la sérénité. »
La composition nous oblige à une lecture dirigée, la ligne nous impose de la suivre. La couleur ne donne pas de sens à la toile, elle est. Et pourtant, la couleur est sociable, elle est dépendante de ses voisines, toujours révélée par son environnement, jamais unie.
Et voilà bien mon propos dans le travail que j’entreprends ici :
Proposer des toiles où seule la couleur est l’objet et le sujet. Chaque couleur par la vibration qu’elle développe au contact de sa voisine, crée un rayonnement, une sensation de plénitude.
Si tant est que l’on se donne la peine de regarder sans à priori, sans chercher un sens, une histoire. Les couleurs posées, sont pensées et abouties pour optimiser leurs vibrations. Elles se confrontent et/ou s’harmonisent. Les aplats et les carrés structurent l’organisation, le signe s’estompe au profit de la couleur, et un tel traitement de la surface permet de se libérer totalement de la dépendance au trait. Ainsi, le rayonnement de la couleur est à son apogée. Et le spectateur est libre de s’adonner à la contemplation.
« La couleur est plus forte que le langage » Marie-Laure BERNADAC.